Mission novembre 2017

Rapport de la mission de chirurgie plastique-chirurgie de la main Atacora-Valais de novembre 2017 à l’Hôpital St Jean de Dieu de Tanguiéta (Bénin)

Le 5 novembre 2017 nous partions vers le Bénin. C’était pour nous notre 8e mission. Nous étions accompagné de membres de l’Hôpital du Valais (Sierre et Sion) :

  • Patrice Zaugg, médecin chef du service de chirurgie plastique et de la main
  • Patricia Latour, infirmière anesthésiste
  • Sylvain Tosetti, médecin anesthésiste
  • Carine Udry, instrumentiste

Nous avons pu former une équipe complète et autonome, évitant de surcharger le personnel de salle d’opération de l’Hôpital de Tanguiéta qui fonctionne avec une dotation très réduite.

Sylvian avait déjà fait quelques missions en Afrique, Patricia avait été au Sénégal il y a quelques années mais pour Carine et Patrice c’était une première.

Nous avons atterri à Cotonou à 21h30 en passant par Paris. Une heure plus tard ,après les formalités douanières, Ibrahim un chauffeur de l’Hôpital nous attendait pour nous déposer à l’AMCES après une première consultation « organisée » sur le parking de l’aéroport.

Après la première nuit sous les moustiquaires nous partîmes le lendemain pour 700km de route en direction de Tanguiéta. La route habituelle étant impraticable il faut faire un détour par Parakou à l’est, ce qui allonge le trajet d’une centaine de km mais sur des routes en relativement bon état. Peu de secousses mais plus de 11 heures 30 de trajet pour arriver à l’Hôpital de Tanguiéta où nous avons pris possession des chambres. Les jeunes ont pu bénéficier de chambres individuelles du nouvel étage de la maison de coopérants.

Activités

Dès le lendemain tout le monde s’est mis au travail, les 2 chirurgiens consultaient les nombreux patients qui les attendaient, le reste de l’équipe a porté au bloc les valises pleines de matériel et a commencé à l’installer dans les salles d’opération et à se familiariser avec le nouvel environnement (gens, locaux, appareils etc). Nous avons pu voir que leur intégration s’est faite rapidement et harmonieusement. Chacun a rapidement trouvé ses marques et la mission s’est déroulée dans une très bonne ambiance.

Après 1 journée de consultation, nous avons commencé à opérer dès le mercredi 8 novembre avec des programmes qui remplissaient bien la journée. Comme à chaque fois nous opérons tous les jours sauf le dimanche avec 3 plages de consultations par semaine en fin de journée. Une quarantaine de patients a été opéré avec des pathologies diverses :

  • séquelles de brûlures,
  • séquelles d’accident ou d’infection
  • tumeurs
  • malformation congénitales de la face (fentes) et de la main.

Il y a toujours une proportion importante d’enfants

Les 4 membres venant de l’Hôpital du Valais ont terminé sont repartis le dimanche 19 novembre et nous sommes restés une semaine de plus jusqu’au 25 novembre en continuant nos activités.

C’était une bonne chose d’être 2 opérateurs de même niveau, cela a allégé la charge de travail de chacun, même si la présence d’un assistant en formation est toujours bienvenue et bénéfique pour tout le monde et nous aurait, par conséquent, été utile (notamment entre les 19 et 25 novembre).

Heureusement, comme à chaque fois nous avons pu bénéficier de l’aide d’un assistant de chirurgie de l’Hôpital de Tanguiéta qui se forme auprès de nous. C’est un soutien indispensable à la consultation (problèmes de langue, différences culturelles), à l’organisation des hospitalisations et des programmes opératoires, ainsi que pour le suivi des patients qu’il prend en charge après notre départ. Nous avons aussi bien collaboré avec les Drs Thierry Huessou et Ulrich Otchoun.

Activités en relation avec Atacora-Valais (Monique Schertenleib)

  • Au bloc opératoire nous avons remis en mains propres à Emilie, responsable du bloc, du matériel emporté dans nos bagages, demandé par l’Hôpital de Tanguiéta, et acheté grâce aux conseils avisés de Josy Eigenmann. Il s’agissait d’instruments chirurgicaux et de matériel pour la stérilisation, dont des témoins de stérilisation qui leur faisaient défaut. Pour cette raison le bloc opératoire a eu une évaluation jugée insuffisante par le Ministère de la Santé du Bénin. Ils ont donc été très heureux de les recevoir.
  • Nous avons fourni, aussi à la demande de l’Hôpital, des médicaments pour l’anesthésie et pour un traitement spécifique concernant un patient pour un moment total de 1500.- CHF.
  • Le dimanche 12 novembre, pendant que les jeunes profitaient de découvrir le Parc de la Pendjari,nous nous sommes rendus chez le sœurs de Materi qui dirigent un foyer-école accueillant des jeunes filles fuyant le mariage forcé et des orphelins. Comme il y a 2 ans nous avons été chaleureusement reçus pour partager un succulent repas, visiter les lieux, discuter avec les pensionnaires qui nous ont gratifiés par des chants et danses dans l’après-midi. Ce fut une très belle journée dans ce lieu paisible. Nous avons vu avec plaisir que les livres donnés par l’école de Massongex et envoyé par container étaient bien utilisés. Nous avons remis aux sœurs 800.-Euros de la part d’Atacora-Valais pour leur œuvre et pour un parrainage.
  • Pour les 10 enfants parrainés par Atacora directement ou par l’intermédiaire de donateurs, nous avons remis à Soeur Carmen Avilero la somme de 2000.- Euros pour 2018 plus 200.- Euros de réserve pour venir en aide en cas de besoin (aide à des patients sans ressources p.ex).

Le premier dimanche après la messe, nous avons eu le grand plaisir de rencontrer tous les enfants parrainés, discuter un moment avec eux, les féliciter ou les encourager à poursuivre leurs efforts. Nous leur avons remis du matériel scolaire basique.

Tous ces enfants sont très remerciants du soutien qu’ils reçoivent et certains ont même écrit des lettres aux parrains.

Certaines situations nous touchent particulièrement. C’est le cas de Didier, jeune de 15 ans, sans père ni mère et sans famille proche pour lui venir en aide. Il vit seul, s’assume dans le quotidien de manière autonome. Il est le premier de sa classe de 3e et à chaque rencontre nous avons admiré sa correction et sa présentation impeccable.

  • Grâce à la générosité de madame Monique Gaspoz, que nous ne connaissons pas personnellement, mais qui connaît notre action nous avons pu remettre, un peu à Materi et surtout à la maternité de l’Hôpital de Tanguiéta, les 5 kilos de layette et de couvertures qu’elle a tricoté tout au long de l’année.
  • Nous avons rencontré le nouveau responsable de la gestion du matériel envoyé depuis l’Europe, Joël Assenkou, et lui avons fait part de notre souhait d’être informés de la bonne réception du matériel que nous acheminons jusqu’à Milan pour être expédié par container.

En ce qui me concerne, la première semaine j’ai aidé en salle d’opération, où c’était un plaisir de collaborer avec notre jeune équipe sympathique.

Ensuite je partageais mes journées entre salle d’opération, école, un peu de physiothérapie et tri de vêtements pour soulager un peu Soeur Carmen, responsable entre autres de la lingerie. Dans ces activités je me suis rendu compte que de travailler dans un milieu climatisé comme la salle d’opération était un privilège. Dans le hangar de Carmen à 40°C c’est plus difficile.

Rencontres

Comme chaque année les rencontres avec d’autres coopérants sont les points forts des missions. Cette année il y avait 2 groupes juniors-seniors mais qui se mélangeaient très bien.

Parmi les juniors, nos jeunes de Sion, 2 étudiantes en médecine de Belgique et 2 infirmières françaises.

Pour les seniors :

  • Tita Fogazzi, néphrologue milanais qui va depuis 20 ans à Tanguiéta et est auteur d’un livre sur son parcours en Afrique.
  • Marc Jarlaud, médecin généraliste à la retraite, que nous connaissions déjà en 2015 Il reste 2 mois.
  • Stéphane Jarlaud, frère de Marc, ancien haut fonctionnaire français à la retraite. Il travaille à la supervision de l’administration.
  • Virginie Benadi, infirmière cadre à la retraite, travaillant en chirurgie.
  • Filippo Magri, chirurgien à la retraite qui vient remplacer le Frère Florent quand il s’absente.
  • Pierre-Yves Erard médecin anesthésiste du Jura
  • Abdallah Fatnassi infirmier anesthésiste à la retraite que nous connaissons bien
  • et nous deux.

Nous avons vu défiler un groupe de phono-audiologues de Bretagne, des participants ux cours de Tita sur le sédiment urinaire, une mission locale de réparation de fistules obstétricales et le Père Domenico, prêtre italien basé au Niger, à la frontière du Bénin, venu accompagné de 2 compatriotes volontaires pour acheminer des patients. Domenico a fait un passage furtif mais remarquable par sa description et analyse de la situation locale, sociale, politique et économique. Il serait très heureux que des missions comme la nôtre puissent un jour arriver dans sa région.

Actualités de l’Hôpital de Tanguiéta

L’Hôpital se débat toujours avec de graves problèmes de manque de personnel qualifié (voir rapport de janvier 2017).

Malgré cela les projets continuent :

  • 1 scanner sera installé dans le courant 2018. Atacora-Valais s’est engagé à financer la phase de mise en service par 1 technicien de la firme pour un montant de 14’000.- Euros. Ce montant n’était pas prévu dans l’enveloppe d’achat et de mise en place de l’appareil et cela a été une mauvaise surprise pour l’Hôpital. Sinon la lecture des examens se fera par télémédecine.
  • Une boulangerie va être construite dans l’enceinte de l’Hôpital . C’est un commerce destiné à rapporter de l’argent à l’Hôpital.
  • L’activité du laboratoire de phytothérapie est toujours importante et constitue également une source de revenus.

Conclusion

Chaque mission montre la nécessité de la suivante. Nous sommes heureux de voir que des jeunes, revenus avec enthousiasme après cette expérience, vont poursuivre ce beau projet.

Uvrier, décembre 2017 Monique et Pierre Schertenleib pour Atacora-Valais