Mission janvier 2024

Mission 2024

Rapport de Mission de Monique

Chaque mission est différente et nous partons avec le souvenir des précédentes, tout en sachant que la présente ne sera pas comme les autres. En effet cette 14e mission a été intense en travail et en émotions.

En arrivant nous avons appris que la mission avait été annoncée par les réseaux sociaux. Donc, les patients ont afflué en masse, et Pierre s’est retrouvé le samedi à 8 heures (nous étions arrivés à 2 h du matin…) avec 120 patients qui l’attendaient. Comme il était seul chirurgien cette 1ère semaine, il a consulté tout le week-end. Le lundi ont commencé les opérations avec en plus la suite des consultations. Ce fut donc une semaine très chargée.

La suivante, avec l’arrivée de Edward de Keating, chirurgien de la main de Nantes et Jordan Boboé, chirurgien en formation du Bénin, fut différente, avec une belle collaboration entre chirurgiens et entre instrumentistes (Caroline et Angéline).

A la veille de notre arrivée est décédé Frère Taddeo, un membre de la communauté des Frères de St. Jean de Dieu. Nous avons trouvé les frères dans un état de profonde tristesse et de désarroi.

Frère Taddeo, d’origine italienne, avait œuvré pendant 50 ans entre le Bénin et le Togo entre autres comme directeur des 2 hôpitaux. Pendant les 2 semaines de notre séjour nous avons pu suivre les préparatifs des obsèques qui eurent lieu le jour de notre départ. Nous avons donc assisté à la cérémonie et à l’enterrement. Sont venues pour cette occasion des délégations du Bénin, du Ghana et du Cameroun. Cela nous a permis de revoir des personnes de Tanguiéta avec grand plaisir.

La mise en place de la prise en charge des patients indigents tarde à se réaliser, par manque d’une présence d’Assistante Sociale sur place. Malgré cela, Atacora- Valais s’est engagé à y contribuer pour un montant de 2.000 euros destiné à la Pédiatrie pour cette année. On devrait nous faire suivre le décompte au fur et à mesure.

Merci à tous les participants pour leur engagement et leur résistance à l’effort dans des conditions si particulières.

Monique / Abraham IMG-20240128-WA0015 IMG-20240128-WA0016

Rapport de mission de Sylvain.

Quel plaisir de retrouver les collègues de l’Hôpital d’Afagnan, ainsi que les Frères et les Sœurs des congrégations qui œuvrent à faire fonctionner ce bel endroit !

Avec l’habitude, les démarches administratives sont assez rapidement « pliées », se débrouiller avec un budget serré pour les médicaments et le matériel a été un peu plus compliqué, ce d’autant plus que je suis parti comme seul anesthésiste, n’ayant pu me faire accompagner par un infirmier ou une infirmière du CHVR comme les fois précédentes. Bon, je l’avais déjà fait en 2017… il a fallu bien peser, repeser (et re-repeser…) les valises, passer du matériel aux autres membres de la mission, racheter une valise supplémentaire, mais on y est arrivé !!

L’arrivée à l’aéroport et au service de douane est toujours aussi, comment dire, dépaysant… et il faut être patient… mais c’est le rythme que l’on apprend à respecter, car nous sommes là pour aider et nous devons tout d’abord nous a-d-a-p-t-e-r. A prononcer lettre après lettre, en prenant 30 secondes… en respirant… voilà, vous y êtes presque ! Encore un petit effort, vous rajoutez la chaleur et l’humidité en plus, la fatigue du voyage et ça décrasse bien nos vies d’européens stressés. La terre ocre de la route, les visages souriants, les odeurs différentes, il suffit de fermer les yeux et on est transporté de suite ailleurs…

D’ailleurs, les horaires de consultation, indiqués à l’entrée de l’hôpital, annoncent le rythme… sauf pour Pierre, qui, dès le premier jour et au saut du lit, s’est mis à consulter à tout va !! Monique et lui-même le raconteront mieux que moi. Monique a eu un peu peur pour son chirurgien de mari…

Pendant ce temps, la petite troupe s’installe le samedi au bloc opératoire, dans la salle d’opération utilisée les autres années. Elle nous convient bien, car nous ne dérangeons pas le programme opératoire de l’hôpital, parfois bien chargé, et nous ne sommes pas interrompus par des urgences, comme les césariennes, assez fréquentes. Cela permet aussi d’avoir des collègues locaux dans le bloc, en cas de difficultés anesthésiologiques, tout en sachant qu’eux-mêmes travaillent également seuls. Heureusement, je n’ai pas eu besoin de faire appel à eux en urgence, la seule difficulté inattendue ayant été une remontée de lait maternel pendant l’opération, chez un nourrisson dont la maman n’avait pas respecté les consignes de jeun et voulait arrêter les pleurs de son bébé. Heureusement, cela n’a pas eu de conséquences, grâce à une réaction rapide et une prise en charge appropriée ! Et merci à l’équipe autour de moi, dont Monique, pour les mains supplémentaires !

Nous avons traité 34 cas, dont un tiers de pédiatrie, ce qui représente une tendance stable par rapport aux statistiques depuis 2017. La patiente la plus âgée avait 75 ans (estimé) et la plus jeune 11 mois et 8 kilos. La proportion d’anesthésies locorégionales a été plus importante que les autres années, ce qui s’explique par deux aspects : des chirurgies plus localisées (mains, coudes) donc qui se prêtent mieux à des anesthésies partielles (+/- combinées à une sédation ou une AG selon la durée opératoire) mais aussi la volonté de diminuer la charge de travail sur les voies aériennes, étant le seul anesthésiste.

L’autre avantage de l’anesthésie régionale étant une bien meilleure antalgie lors du retour en chambre, ce qui me facilitait la visite du soir, une fois le bloc opératoire terminé. Finalement, des enfants ont bénéficiés de chirurgies complexes des mains, sous anesthésie seule du bras, avec un peu de produit pour somnoler. C’est un standard pour les adultes, y compris chez nous, mais je rêverai de reproduire cela en pédiatrie chez nous mais les résistances au changement sont grandes…

Encore une fois, j’ai pu amener une machine d’anesthésie portable, qui nous a rendu grand service et nous a laissé indépendant de certains appareils locaux en mauvais état ou non fonctionnels. Grand bonheur, elle est arrivée intacte au Togo et surtout au retour à Genève !! Grâce à une lettre d’accompagnement du directeur de l’Hôpital. Ouf !!

Enfin, nous avons pu faire de la formation, comme chaque année, soit aux infirmiers anesthésistes locaux, toujours avides d’apprendre, soit au personnel du bloc opératoire. Il est magnifique de constater les progrès d’année en année, parfois pas aussi rapide que souhaités mais le plus important étant qu’ils soient ancrés ou en chemin.

L’association a complété le don d’une famille de Châtel-St-Denis pour l’achat d’un nouveau frigo du bloc opératoire. Il était plus que temps de le changer !! Les médicaments importants, comme les curares ou ceux d’obstétrique (césarienne et antihémorragique) seront désormais stockés dans des conditions sures et stables. Sans poulet riz à l’étage du dessous…

Tant de sourires, d’échanges et de remerciements, nous sommes repartis fatigués certes mais « gonflés à bloc » et optimistes pour l’avenir. Merci à Pierre et Monique pour les accompagnement et l’organisation incroyable, merci à l’équipe des Nantais, Angéline et Edouard pour leur enthousiasme et leur capacité d’adaptation, merci à Caroline pour son travail et sa bonne humeur imperturbable. Quand repart-on ?!! ;-)

Amitiés

Sylvain

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Rapport de mission de Caroline

Afagnan janvier 2024 : deuxième mission à mon actif.

Comme en 2023, Monique et Pierre s’inquiètent et s’occupent en amont de tous les documents administratifs nécessaires (et il y en a !!!) pour entrer au Togo en tant que « mission humanitaire ». Heureusement ils sont rodés #14 …. même si cela n’est pas une mince affaire !

Il me reste à être présente le vendredi 12 janvier sur le quai de la gare à Sion pour le train de 08h01, munie de mes titres de transports, de mon passeport, de mon visa et de ma valise. Pour Pierre-Alain (mon mari) me savoir en compagnie de Monique et de Pierre depuis Sion jusqu’à Afagnan est un gage de sécurité car il connaît l’électron libre, sans aucun sens d’orientation que je suis !!

Un plaisir pour toute l’équipe d’être accueillie à la sortie de l’aéroport de Lomé (après d’interminables contrôles douaniers) par le sourire et les salutations chaleureuses de frère Bernard.

Arrivés +/- à une heure et demi du matin à Afagnan, nous retrouvons la maison des coopérants avec le luxe de nos chambres individuelles, avec douche, WC et… la clim !

Pierre, déjà à 08h00 du matin, seul face à un nombre déraisonnable de consultations agendé par l’administration de l’hôpital.

Pour le reste de l’équipe, une matinée plus tranquille pour reprendre contact avec les lieux et l’installation de notre matériel au bloc opératoire. Sylvain côté anesthésie, Monique et moi-même côté matériel divers en soins et les instruments opératoires.

Le lendemain dimanche, messe puis partage en toute simplicité du repas avec les frères de la communauté de St Jean De Dieu. Et là, nous prenons la mesure de leur immense chagrin suite au décès récent de leur frère Taddeo Carlesso.

Le soir, Pierre nous présente le programme opératoire +/- définitif pour les dix jours à venir comprenant de la pédiatrie, de la chirurgie et même de la gynécologie !

Première semaine chargée et intense pour nous quatre .

Sylvain cette fois-ci n’est pas accompagné d’un infirmier anesth, alors nous essayons au mieux de nos connaissances de l’aider pour les perfusions, les antibios, lors de l’induction, de la ventilation, des sédations et même lors des repas (une bonne assiette sans gluten avec cuillère !) car par de pause pour lui par rapport au reste de l’équipe.

Pour Pierre, notre aide est plus limitée, car en grande majorité les consultations sans nous, Monique à ses côtés pour les consultations de grands brûlés. Parfois nous l’accompagnons dans les services pour l’aider lors de la réfections des pansements.

J’ai retrouvé l’équipe du bloc opératoire avec Félicienne, Jean, Mathias, Olga, Yvette . Le contact est chaleureux, simple, cordial, ils sont toujours prêts à « essayer » de comprendre nos besoins et nous beaucoup de patience pour nous faire comprendre.

La réalité nous rattrape très vite, avec l’habituel manque de cohérence dans le rangement du matériel opératoire et dans les armoires à fil, malgré un semblant de plus de propreté et d’ordre par rapport à l’année dernière.

Un plus cette année : presque tous les enfants et les adultes sont venus avec « 1 set opératoire stérile/une tubulure/un flacon de 500ml glucose ou NACl » acheté à l’avance.

Une autre amélioration conséquente concerne les linges. Des grands draps neufs à l’effigie de l’hôpital couvrant chaque patient venant au bloc opératoire. Idem pour les blouses opératoires ainsi fini les draps et blouses tachetées/trouée/déchirées.

Heureusement, Pierre et Monique comme à chaque fois, ont amené beaucoup de matériel de base (compresses/lame de bistouri/bandes/rouleau micropore/jelonet/gants/ coag électrique…etc.) ce qui nous a permis de compléter tous les jours les manques et même de partager avec les autres salles durant les dix jours opératoires.

Pour l’équipe la récompense pour les efforts et l’énergie déployés durant cette semaine fut le sourire et le regard reconnaissants des parents ou des familles lors des changements de pansements chez les enfants ou les adultes opérés.

Le dimanche 21, après la messe, départ pour Katihoé. Monique et Pierre nous ont organisé une petite récréation au dispensaire des sœurs hospitalières. Sœur Elisabeth et les autres sœurs, toujours aussi souriantes et heureuses de recevoir layettes/matériel et … fondue Gerber de Suisse !

Deuxième semaine aussi chargée que la première mais du renfort pour Pierre !

En la présence du Dr de Keating Edward, accompagné de son infirmière instrumentiste Angéline, ainsi que du Dr Boboe Jordan.

Trois belles personnes pleines d’enthousiasme, de chaleur et de motivation comme nous … la jeunesse en plus ! Nous avons eu des moments de partages professionnels, humains, de fous rires …. tout en assurant un travail de qualité auprès des petits et grands patients.

Vendredi 26, pas de programme opératoire, car cérémonie religieuse pour toute la communauté des frères de Saint Jean de Dieu et des employés de l’hôpital en hommage au frère Taddeo. L’occasion de faire la connaissance de frère Florent.

Au retour de la mission « Afagnan janvier 2023 »: discussions entre les membres de l’équipe et le comité pour trouver durant l’année à venir, des fonds supplémentaires afin d’aider les plus démunis lors de la prise en charge d’une opération et/ ou d’une hospitalisation pour la prochaine mission Afagnan 2024.

En janvier, la veille de notre retour en Suisse, nous étions tous très heureux d’apprendre qu’« Atacora Valais » va confier au frère Abraham Adavon, directeur de l’hôpital, une certaine somme pour aider les plus nécessiteux lors de leur hospitalisation bien après notre départ d’Afagnan, ainsi qu’une participation aux frais d’hébergement de notre équipe.

Cet apport financier de 2’300.-Euros est possible grâce au soutien, aux dons reçus par des inconnus-es, par nos familles, par nos amis-es, au stand de Martigny « les 5 continents », puis celui de Sion au « marché de Noël », puis par des associations « atelier de l’Avent » Grône par exemple.

« C’est Noël chaque fois que vous permettez à Dieu d’aimer les autres à travers vous. »

Mère Teresa

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Rapport de mission, point de vue chirurgical (Pierre Schertenleib).

Partir de Genève vendredi 12 janvier à midi pour arriver, via Paris et Lomé, après 1h du matin à Afagnan, se coucher vers 02h et se lever tôt pour être à la consultation à 08h00, voilà notre début de mission. Mais une surprise m’attendait, c’est-à-dire qu’il y avait un peu plus de 120 personnes à consulter et qu’elles pensaient (et l’équipe de la consultation aussi) qu’elles passeraient toutes ce jour-là ! Coup de stress assuré, mais pour la direction de l’Hôpital c’était un succès ! Bref les consultations ont duré jusqu’à 21h avec petite pause à midi tout de même. Ensuite rebelotte pour les restants le dimanche matin. Ensuite lundi et mardi il a fallu jongler entre opérations et consultations, puis mettre un terme aux consultations car le programme était plein jusqu’à la fin du séjour. C’est vraiment la première fois qu’une telle situation avec une avalanche de patient-es se produit. En règle générale nous voyons des patient-es qui ont déjà passé par la consultation de chirurgie et qui sont en fonction de leur pathologie, convoqué-es pour la mission. Cette fois, en plus de celles et ceux-ci sont arrivées toutes les personnes alertées par la direction de l’Hôpital sur les réseaux sociaux, et la dispersion s’est faite loin à la ronde dans les pays avoisinants. Heureusement, une autre mission de chirurgie réparatrice et chirurgie de la main italienne était programmée pour la fin février et nous avons ainsi pu leur référer bon nombre de patient-es, mais ça a été un départ sur les chapeaux de roues qui a affecté toute l’équipe. Le système est donc à affiner !

Comme lors des dernières missions, au bloc opératoire, nous avons fonctionné de manière autonome dans une salle réservée à la mission. Nous étions une petite équipe avec un anesthésiste (Sylvain), une instrumentiste (Caroline) et une aide de salle – relais avec le reste du bloc (Monique). La 2e semaine nous avons été rejoints !pour 4jours de travail ! par les nantais Edward (chirurgien de la main), Angeline (instrumentiste) et le béninois Jordan (chirurgien en formation). Toujours beaucoup de travail mais de manière plus sereine.

Nous avons effectué 33 interventions (21 en semaine 1 et 12 en semaine 2, 12 enfants) lors de cette mission, avec les pathologies habituelles, séquelles de brûlures, de traumatismes, lésions congénitales parfois complexes de la main, neurofibrome etc. Ce sont comme d’habitude nos collègues de l’Hôpital d’Afagnan qui assurent les suites.

Cette année nous avons bien collaboré avec les gynécologues pour la prise en charge d’interventions du sein (7 en tout dont 5 mastectomies).

À la consultation, nous avons vu, bon nombre de séquelles de brûlures graves relativement fraîches, ne nécessitant pas (encore?) de correction chirurgicale mais un traitement par vêtement compressif et massages locaux. Monique a pu instruire le Frère Philippe de la physiothérapie à ces techniques, mais la recherche de matériel adéquat pour la compression n’a pas été simple.

Comme déjà évoqué, l’Hôpital souffre, que ce soit au bloc ou ailleurs, d’un manque au niveau de l’inventaire du matériel. C’est un des problèmes que nous avons pu évoquer avec le Frère Hugues, provincial, qui logeait dans notre bâtiment et avec qui nous avons pu discuter presque tous les soirs autour d’une tisane. Ces échanges ont été très, pour tous, intéressants et fructueux.

Je ne sais pas quand aura lieu une prochaine mission. Il faut absolument que des jeunes chirurgiens prennent la relève pour assurer la pérennité de cette action qui est ressentie comme absolument nécessaire par les acteurs locaux tant qu’il n’y aura pas de spécialistes formés en suffisance sur place.

Merci à l’équipe, Sylvain, Caroline, Edward, Angeline, Jordan et surtout à Monique pour son soutien indispensable.

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Rapport de Mission chirurgie réparatrice et chirurgie de la main du Dr Jordan Boboe.

Je suis résident en 3ème année de chirurgie générale à la faculté des Sciences et de la Santé de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin.

Cette première aventure humanitaire à Afagnan a été très enrichissante pour moi car sous nos cieux, nous avons une seule chirurgienne plasticienne avec la spécialisation au Bénin. Au cours de cette mission, nous avons fait la rencontre d’une équipe très coordonnée, rigoureuse, unie et très aimable.

Nous avons également assisté les chirurgiens et pour les consultations des patients, les blocs opératoires, la visite des malades en post-opératoire et les pansements.

Nous étions très heureux de lire l’espoir sur le visage des patients et de leurs parents avant le bloc opératoire et leur immense joie une fois l’intervention achevée.

Nous étions également très contents de la disponibilité de toute l’équipe de la mission à transmettre leur savoir.

Merci à Atacora-Valais de nous avoir offert une boîte de microchirurgie et permis de participer à cette belle expérience.

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Rapport de mission de Angéline Sebert.

C’était la première mission humanitaire pour moi.

Au fond de moi, j’ai toujours eu l’envie de participer à ce genre de mission. Le pourquoi ? Je ne le sais pas vraiment. Comme l’envie de cocher la case dans la liste des choses à faire dans ma vie. Cependant avoir l’envie de le faire et concrétiser ce projet, il y a une grande marche. Il faut pouvoir s’organiser (professionnel et familial) et le réaliser dans de bonnes conditions (sanitaire, politique...). Alors quand Edward De Keating Hart (chirurgien de la main) m’a proposé de l’accompagner pour une mission au Togo au sein de l’hôpital des frères de Saint Jean de Dieu a Afagnan, je n’ai pas réfléchi bien longtemps. Et j’ai dit oui !!!

J’avoue néanmoins que plus ce projet se concrétisait, plus des questions me trottais :

- Que dois-je ramener comme matériel là-bas ? Quels sont leurs besoins en matériel ? Sera-t-il suffisant ?

- Ai-je les compétences pour intervenir là-bas? Est-ce que je vais vraiment apporter quelques choses à l’équipe sur place ? Est-ce que mon savoir-faire et savoir être sera suffisant ? Comment vais-je réagir à la situation des patients ? Et leur précarité ? Saurais-je m’adapter ?

- Comment nous serons installés là-bas ? Que dois-je apporter pour ma sécurité ?

Mais heureusement Pierre et Monique ont l’habitude de ces missions. Ils ont su me guider par le biais d’une petite liste concocté par leurs soins et d’un groupe whatsapp dans lequel j’ai pu communiquer avec l’ensemble de l’équipe.

Ce fut un séjour court mais riche d’expérience. En effet, nous sommes arrivés en seconde vague. Après Pierre, Monique, Sylvain et Caroline. Nous ne sommes restés que une semaine. Mais quelle semaine !!!!

Les frères d’Afagnan sont venus nous chercher à l’aéroport. Sur le trajet, il faisait nuit mais déjà il y avait la chaleur, l’odeur et l’ambiance de l’Afrique que je découvrais pour la première fois. Mais dont on m’a beaucoup parlé.

Durant le trajet, un des frères nous informe qu’un décès a eu lieu dans la communauté :10 jours avant notre arrivée. les obsèques de ce frère auront lieu vendredi. Je savais que je vivrais quelques choses d’exceptionnel à travers cette mission, mais j’ai très vite compris que celle-ci serait particulière. Teintée de deuil et de coutumes. Malgré cette peine pudiquement affichée par un ruban rouge, les frères nous ont parfaitement accueillis.

Mes premiers jours au bloc ont été accompagnés par Caroline. Merci à elle car elle a su me transmettre son expérience. Elle m’a guidée et m’a aidé à m’adapter à la situation. Il est vrai qu’il n’est pas facile de passer d’un endroit où nous avons tout à un endroit où nous avons rien. D’un endroit hyper aseptisé avec des règles strictes, à un endroit où l’on fait avec les moyens du bord. Avec une hygiène parfois précaire. Je garderais en tête la pièce où sont décontaminés les instruments en me disant « En France cela serait impossible ! » et pourtant… Ici à Afagnan c’est possible et malgré cela nous avons réussi à réaliser de belles interventions dans des conditions correctes.

Petit à petit, j’ai commencé à prendre mes marques en oubliant mes injonctions françaises et je me suis surprise à trouver naturellement des moyens à pallier le manque de matériel et la salubrité des moyens mis en place.

Le plus marquant pour moi dans cette mission fut ma première visite des patients opérés la veille. Je suis restée stoïque en voyant tant de pauvreté humaine et matérielle. De grandes chambres avec plusieurs lits, les matelas étaient sales sans oreiller ni drap. Mais ce qui m’a le plus marqué c’est l’expression du visage des enfants opérés. Une expression neutre dans laquelle il est impossible de déceler quoi que ce soit ( douleur, peur joie…). J’ai le sentiment que ces enfants ont du taire leur douleur pour survivre. On ne parle pas ici de petit bobos comme en France. On parle de brûlure, ou même d’accidents délabrants avec amputation. Dont la prise en charge est quasiment inexistante. De graves séquelles qui sont pour moi en tant que maman injustes et difficile à accepter.

Sylvain, Caroline, Monique, Pierre et Jordan m’ont très bien intégrée à leur équipe. C’était un vrai plaisir de faire leur connaissance. De pouvoir échanger avec eux. De partager leur expérience antérieure. Je suis fière et me sens chanceuse d’avoir pu apporter mon aide et mon soutien à l’hôpital de Saint Jean de Dieu à Afagnan.

Fière d’être sortie de ma zone de confort et riche de cette expérience.

J’espère retrouver cette équipe pour une prochaine mission.

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Rapport de Mission du Dr de Keating hart Edward.

Arrivée le dimanche 21 au soir.

Transfert à l’hôpital de St Jean de Dieu à Afagnan , arrivée vers Minuit.

Découverte des chambres qui sont très spacieuses : grand luxe au Togo ( je suis rassuré pour Angéline mon aide op ,qui découvre pour la 1 ère fois le côté spartiate de la vie au Togo.

Le lendemain matin, direction le bloc opératoire pour se présenter à l’équipe et retrouver nos amis suisses déjà en action depuis une semaine

Le programme est déjà complet pour la semaine avec beaucoup d’opérations de mains congénitales

Pierre a abattu un boulot monstre en consultation la semaine d’avant pour « sélectionner « les patients les plus importants à opérer

Les opérations sont très intéressantes et souvent nous travaillons en double équipe avec Pierre et Jordan (interne en chirurgie en formation avec nous)

Les jours sont rythmés et la pause apéro le soir au troquet juste en face est un moment de repos bien mérité.

Il ne sera pas possible d’opérer le vendredi car un père de l’hôpital est décédé et une cérémonie d’enterrement à lieux toute la journée : moment fort de recueillement . Ce fût l’occasion de revoir le père Florent de Tanguieta qui nous explique que venir à Tanguieta est dangereux à cause du terrorisme : triste réalité.

La mission a été pour moi un moment inoubliable : j’ai été honoré de pouvoir soigner tous ces enfants pour leur redonner la fonction de leur main.

Merci à toute l’équipe.

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