Rapport de la mission Atacora-Valais de chirurgie plastique-chirurgie de la main du 06.01 au 24.01 2017 à l’Hôpital St Jean de Dieu de Tanguiéta (Bénin).
Tôt le matin du 6 janvier 2017, bien emmitouflées, 4 personnes sont sur le quai de la gare de Sion avec, comme à chaque fois, pas mal de valises remplies de matériel médical et scolaire à destination du Bénin. A Genève vont s’ajouter 2 autres participants et un dernier à Paris dont nous allons faire la connaissance.
C’est la première mission pour Stéphanie Musy instrumentiste, Géraldine Bringolf infirmière anesthésiste, Bilel Elhadj médecin anesthésiste, tous de l’Hôpital du Valais et aussi pour Edward de Keating chirurgien de la main français de Nantes. Pour Josy Eigenmann, instrumentiste, c’est la 4e mission et la 7e pour Monique et Pierre Schertenleib qu’on ne vous présente plus…
Patrice Zaugg, l’actuel chef du service de chirurgie plastique et de la main de l’Hôpital du Valais, qui devait participer à cette mission est malheureusement tombé malade avant Nöel et resté hospitalisé à Sion jusqu’à bien après notre départ. Ce sera partie remise pour la prochaine expédition.
Nous avons pris un vol Paris-Ougadougou dont le départ fut différé de 2 heures. A l’arrivée 2 valises de matériel manquaient. Elles nous serons acheminées par d’autres coopérants quelques jours plus tard. Entre retard du vol et démarches administratives pour les valises nous sommes arrivés tard chez les sœurs Téatines de Ouagadougou qui nous attendaient avec une superbe salade de légumes cuits et œufs ! Après une bonne nuit dans leur pension nous avons pris la route avec Ibrahim, un des chauffeurs de l’Hôpital de Tanguiéta, vers 7h45. Les 80 km (en presque 3h) de route pourrie entre Koupéla et Fada N’Gourma fut fatale à l’aller et au retour à certains d’entre nous, l’oreille interne étant mise à rude épreuve (ça secoue très fort dans tous le sens). Le voyage qui devait durer 7-8 heures en a pris finalement 10. Le gain de temps par rapport au trajet Cotonou-Tanguiéta qui fait 250 km de plus devient de plus en plus réduit au fil des années.
Activités
Le lendemain dimanche, après la messe vers 09h30, Edward et Pierre ont débuté les consultations. Ils en ont eu jusqu’à 15 heures ont eu jusqu’ès la messe vers 09h30, Edward et Pierre ont débuté les consultatde plus devient de plus en plus réduià 15 heures pour voir environ 25 patients et le programme opératoire des jours suivants est déjà bien rempli. Monique a assisté au début de la consultation puis a rejoint Josy et le reste de l’équipe pour qu’elle fasse connaissance des lieux, en particulier de la salle d’opérations où le matériel amené a été déposé. Le repas d’Epiphanie partagé avec les sœurs et les frères a été très copieux.
Le lundi nous nous retrouvons tous en salle d’op avec un programme un peu allégé pour permettre à chacun de se familiariser avec les lieux, le matériel et les gens. Nous faisons la connaissance du Dr Bertand Fomenou, ORL, qui a accompagné des patients de Cotonou à Tanguiéta et profite de son séjour pour collaborer avec nous. Sinon nous retrouvons les collègues et le personnel du bloc. Grâce au fait que nous constituons une équipe complète et autonome nous n’allons pas cette fois les surcharger par le travail de la mission comme cela arrive souvent. Cela ne sera pas le cas pour le Dr Roméo Haoudou qui nous seconde au bloc , à la consultation et à la visite des patients, organise les hospitalisations et tout le côté administratif que nous connaissons mal, tout cela en étant de garde un jour sur deux ! Il fait cela avec compétence, dévouement et toujours le sourire. C’est très agréable de travailler avec lui et nous savons qu’il s’occupera bien des patients que nous avons opérés après notre départ.
Le deuxième jour opératoire, le mardi 10 janvier tombe sur la Fête des religions traditionnelles (Fête du vaudou en raccourci) – jour férié- et nous devons donc arrêter le programme vers midi. Sinon nous continuons comme de coutume à opérer 6 jours sur 7 et à consulter 3 fois par semaine en fin de journée. Le programme était copieux, varié, même si prédominent les séquelles de brûlures notamment chez les enfants. Les cas sont souvent assez spectaculaires. Nous avons en 2 semaines réalisé 33 interventions dont une petite moitié chez des enfants. Edward nous a quitté comme prévu à la fin de la première semaine avec une forte envie de revenir. La collaboration avec lui a été très agréable et il a tout de suite été très apprécié par toute l’équipe.
Activités en relation avec Atacora-Valais (Monique Schertenleib)
Nous avons remis à Sœur Carmen Avilero 2’000.-€ pour les parrainages à savoir 5 enfants parrainés par Atacora-Valais et 5 enfants parrainés par des membres ou donateurs d’Atacora-Valais. Sœur Carmen a réussi à les réunir et à nous les présenter le 2e dimanche de notre séjour après la messe afin qu’ils voient les représentants de ceux qui les aident à poursuivre leurs études ou apprentissages. Pour nous c’est un moment d’émotion, nous mettons un visage sur des prénoms tels que Sahoudatou, Moukouari, Saba, Nékima, Didier etc et pouvons les encourager à continuer leurs efforts. Tous vivent dans des conditions difficiles. J’ai été particulièrement touchée par un jeune parrainé, Chabi Tawema, qui a sollicité notre accord pour commencer un apprentissage de tailleur car l’école est trop difficile pour lui. Bien sûr nous l’avons encouragé et nous le soutiendrons jusqu’à la fin de son apprentissage ( qui, il faut le rappeler, est payant).
Profitant du passage à l’Hôpital d’une des sœurs de Materi (pensionnat de jeunes filles échappant au mariage forcé), nous lui avons remis 600.-€ comme l’an passé pour soutenir leur travail ainsi que des crayons et du matériel scolaire. Soeur Carmen de Materi m’a raconté que notre don de 2016 a contribué à la construction de douches et d’autres travaux d’entretien et de peinture.
Sœur Martine, infirmière responsable de la pédiatrie de l’hôpital, nous donne des nouvelles de l’enfant leucémique que nous avions aidé en juin 2016. Il suit le traitement prévu et va beaucoup mieux.
Mes visites à l’Ecole de l’Hôpital m’ont permis de constater combien c’est difficile d’y enseigner, tellement les enfants sont de niveaux différents, voire sans niveau et certains très fatigués. Tous ne parlent pas français. Il faut donc trouver des activités adaptées à chacun. Les livres, crayons et jeux que nous, ou les autres coopérants, amenons sont toujours bienvenus.
Sœur Martine nous a fait découvrir une école enfantine dans les environs de Tanguiéta où nous avons pu donner aussi du matériel scolaire récolté ici et acheminé par container ou par nous-même.
Avec Josy et Pierre nous avons remis à Emilie, la cheffe du bloc opératoire une thermo-soudeuse emmenée dans nos bagages et offerte par Atacora-Valais. Cette machine destinée à ensacher hermétiquement des instruments, des compresses par exemple lui facilitera beaucoup le travail pour la stérilisation.
Toujours avec Josy nous avons répertorié et contrôlé le matériel envoyé par container par Atacora-Valais en novembre pour la salle d’opération. Une partie manque encore et nous espérons qu’elle sera acheminée par le container suivant. Frère Florent promet de suivre l’affaire.
J’ai eu un grand plaisir à accompagner 2 patientes opérées par Pierre et Edward au Service d’Orthopédie pour superviser la réalisation de leurs attelles. N’oublions pas que nous sommes en Afrique et que le matériel n’abonde pas. La confection d’une attelle déterminée fait mettre en évidence le talent incroyable des techniciens orthopédistes- André et Narcisse- qui sont capables de transformer une chose en son contraire pour répondre à la demande du médecin opérateur.
Nous avons aussi visité la nouvelle salle d’opérations dont le gros œuvre est terminé.
Le point de vue de Stéphanie Musy
Retour sur une superbe expérience professionnelle, mais avant tout une très belle expérience humaine.
A l’aube du départ, beaucoup de questions me passent par la tête, mais le jour J, une fois installée dans le train avec toutes nos valises et en compagnie de trois personnes expérimentées, mes doutes s’envolent très vite.
Le voyage jusqu’à Tanguiéta est long, surtout le trajet en mini bus, mais il me permet de m’imprégner de cette super ambiance qui régnera tout au le long du séjour.
Après la découverte du bloc, qui je l’avoue m’étonne en bien, (la salle où nous travaillons est bien plus grande que celle de Sion !), place maintenant à notre premier jour opératoire.
Après un certain temps d’adaptation afin de mieux comprendre l’organisation, je trouve assez vite mes marques. Merci coach Josy…
Les interventions se suivent et ne se ressemblent pas. Je découvre des pathologies peu courantes chez nous, mais aussi des pathologies très avancées en raison de la difficulté à l’accès aux soins et des coûts financiers de ceux-ci (pour les habitants du pays ???)
J’ai été très impressionnée par la réaction des patients face à l’inconnu. Ils montrent très peu leurs sentiments et j’ai rarement entendu l’un d’entre eux se plaindre de la douleur !!!
Ils sont également hyper reconnaissants envers notre équipe et cela fait du bien.
J’ai également eu l’occasion d’aller en pédiatrie et à l’école faire une distribution de fournitures (crayons, gommes, livres de coloriage…). C’était un mélange de joie et de désarroi. Joie, car de voir le plaisir que ces enfants ont de recevoir un simple crayon de papier et une gomme en me disant un grand MERCI sans devoir le réclamer est assez gratifiant. Mais j’ai été très surprise de découvrir dans quelles conditions ces enfants sont hospitalisés. Il y a jusqu’à 10 petits patients par chambre, sans compter la présence des familles, cela en fait du monde… En parlant de familles c’est assez impressionnant de voir comment les proches des patients de l’hôpital, toute discipline confondue, sont installés dans la cour de l’hôpital, ils ont même leur propre cuisine…
Après un retour très mouvementé et 24 heures de retard, me voilà de retour dans mon petit chez moi. Je suis mitigée… Très heureuse de retrouver le confort moderne, mais un peu nostalgique après toute cette aventure et les très belles rencontres effectuées à Tanguiéta !
Les rencontres
Dans la maison des coopérants, située dans l’enceinte de l’Hôpital, où nous habitons pendant le séjour nous partageons du temps et les repas préparés par la cuisine de l’Hôpital avec les autres personnes qui viennent comme nous apporter de leur aide. Nous avons toujours la surprise de revoir certains ou de découvrir de nouvelles personnes. Cette fois c’est un mélange très grand d’âges, de provenances et de métiers que nous trouvons. Nous n’avons pas peur de nous répéter, la richesse des rencontres est grande et constitue un grand enrichissement à chaque fois.
Nous avons rencontré cette fois 2 jeunes étudiantes en médecine belges, 2 infirmières du canton du Jura qui venaient pour la première fois accompagnées de la pour nous fameuse Blandine (c’est elle qui est à l’origine de la construction de la buvette « chez Blandine » dans l’enceinte de l’Hôpital et qui organise aussi des transports par container pour Jura-Afrique) et des son mari. Il y avait également de nombreux italiens et parmi eux certains que nous avions déjà rencontrés lors de missions antérieures : Marina qui à 70 ans passés vient aider à l’école pour un mois, Mario le carreleur qui fait régulièrement le voyage et aide aussi en Italie au chargement des containers, Lucciano qui a maintenant passé 75 ans et vient tous les ans et fait un travail remarquable de nettoyage et d’entretien des abords , Elena de Bergamo, la pharmacienne que nous avions connue en juin est toujours là, très active et bien acclimatée avec la perspective d’une activité au long cours au sein de l’hôpital.
Nous avons fait la connaissance de Marco et Omero, plombiers et spécialistes en climatisation qui se sont attaqués à déplacer la centrale de l’air conditionné. Comme nous étions sans air conditionné pendant ce temps, ils ont travaillé un peu sous pression et ont fait le maximum pour que leur travail se termine à la fin de la première semaine de notre séjour. Nous avons également rencontré un médecin de République Centre Africaine qui accompagnait un groupe de femmes venues se faire opérer de fistules obstétricales. Spécialiste en santé publique il avait une grande connaissance des maladies africaines et c’était très intéressant de l’écouter.
Se trouvait là aussi Ariel, vétérinaire puis médecin- chirurgien venant d’Argentine et qui a pris une année sabbatique pour découvrir d’autres horizons.
Que de gens d’horizons si différents, de métiers si divers se retrouvent là avec le même objectif : donner un peu de son temps, de sa connaissance et de son savoir faire pour aider ces gens si défavorisés. Les repas sont animés, on se raconte les activités de la journée, on remonte le moral de certains confrontés à des situations difficiles, on parle de nos parcours de vie ou de nos projets d’avenir. Des liens se tissent, parfois le temps du séjour, parfois de façon durable.
Le point de vue du Dr Edward de Keating (du 06.01 au 14.01)
1 ère étape : le 6 /1/17
Rencontre de l’équipe française (Dr de Keating) et Suisse à l’aéroport CDG Paris
Contact très chaleureux avec une équipe dynamique et motivée.
Langue imposée pendant le voyage : le suisse valais
Arrivée le soir à Ouagadougou ( Burkina Faso) et prise en charge chez les sœurs ursulle à Ouaga.
Dîner bien mérité avec les sœurs et couché.
2 ème étape : 7/1/17
Traversée de 2 pays dans un minibus.
Etat des routes : comme sur la lune : cratères par milliers avec option lévitation
Bilel se souviendra longtemps du voyage et son estomac aussi
Arrivée le soir à l’hôpital …. Enfin
Un hôpital au centre de la ville ou les familles des patients vivent en son sein : surprenant !
Rencontre des équipes présentes sur place à la maison des coopérants
Super ambiance avec plusieurs nationalités représentées. On sent toute de suite l’esprit de fraternité et d’amitié !!
Les chambres sont très bien.
3 ème étape : 8/1/17 :
Messe à 7 heure à l’église de l’hôpital : réveil en douceur et rencontre avec le frère Florent : le charisme et la sérénité incarnés.
Journée consultation avec Pierre : 6 heures non stop !
Rencontre de l’assistant en chirurgie : Roméo ! qui nous assiste pendant les consultations
Premier contact fort avec les enfants : beaucoup de brulés ! Mon empathie se lit sur mon visage ( et Monique me le fait remarquer )
Les cas sont passionnants et instructifs : malformations, séquelles de brûlures, traumatismes, tumeurs ….
Beaucoup de patients sont à opérer et la liste des interventions se remplie très rapidement. Il nous faudrait travailler même la nuit pour absorber tout ce travail.
La semaine s’annonce passionnante.. sur le plan social et chirurgical ! Très heureux de commencer
4 ème étape : Les blocs opératoires :
On démarre le matin à 8h et fin du bloc vers 17h . Les locaux du bloc sont de bonne qualité, propres.
La stérilisation fonctionne bien.
Je suis agréablement surpris des très bonnes conditions de travail.
L’équipe s’entend à merveille et notre duo avec Pierre fonctionne très bien.
Nous avons travaillé tous les jours sauf le mardi après midi car c’était le jour férié au Bénin.
Nous alternons les blocs avec quelques consultations supplémentaires.
Les assistants nous accompagnent dans les opérations : un vrai compagnonnage qui est très importants.
Nous réalisons nos visites le matin et le soir dans les différents services. Le contact avec les patients et les familles est chaleureux.
Et après le boulot, rendez vous chez « Blandine » pour une bonne bière fraiche bien méritée. Moment important pour débriefer ensemble de la journée.
Malgré un rythme très dense nous avons le temps de sortir de l’hôpital pour profiter de la ville : ambiance très agitée contrastant avec le calme de l’hôpital.
5 ème étape : le retour
Retour avec Jean-Paul le chauffeur : retour nostalgique sur les routes africaines mais en bonne compagnie.
>>> La semaine est passée très vite mais cette 1 ère approche d’une mission humanitaire m’a enchanté.
Hâte de revenir.
Merci à l’équipe du Dr Schertenleib de m’avoir accepté pour cette 1 ère mission, qui restera une expérience inoubliable.
Une belle leçon de vie !
Actualités de l’Hôpital de Tanguiéta
L’Hôpital de Tanguiéta reste très actif avec, comme toujours, une prévalence de la pédiatrie qui comprend également le centre de nutrition.
Le calendrier des missions médicales est bien rempli pour 2017.
D’un point de vue structurel la 3e salle d’opération pourra bientôt être mise en service. Un scanner devrait être opérationnel avant l’automne si tout va bien. Un tel outil serait un plus indéniable pour l’hôpital. Les patients qui nécessitent un examen par CT-scan doivent se rendre dans des centres situés à 250-300km ou à Cotonou (650km). Les indications pourront donc être moins restrictives avec un grand gain de temps et d’argent pour les patients.
Le service de télépathologie fonctionne bien avec la collaboration de pathologues européens bénévoles. Une collaboration avec le service de pathologie de l’ICHV à Sion (Dr Duc) devrait commencer cette année.
L’Hôpital de Tanguiéta est comme partout confronté à des difficultés de financement et une refonte de contrats médicaux au niveau national a provoqué le départ de 2 médecins cadres, déstabilisant ainsi 2 services importants, la médecine et la gynécologie. C’est un réel problème dans la mesure où le recrutement de médecins dans une région pauvre et reculée comme celle de l’Atacora est très difficile.
Nous pouvons constater malgré les difficultés des améliorations significatives dans la gestion notamment celle du matériel et de la pharmacie (bravo Elena).
Conclusions
A la fin de notre 7e mission, et six mois après la dernière, nous sommes toujours impressionnés par la tâche entreprise par tous les intervenants de l’Hôpital de Tanguiéta, tâche immense à mettre en relation avec le peu de moyens matériels et humains dont l’hôpital dispose. Définitivement cet hôpital, ses employés, et surtout leurs patients ont besoin d’une aide apportée par les intervenants médicaux, non médicaux extérieurs, et d’une aide matérielle permettant d’améliorer la qualité des soins.
En plus de l’aide destinée directement à l’hôpital il nous a paru important de soutenir ceux qui n’ont pas accès à la scolarité par des parrainages sur la durée.
Votre aide est plus que jamais précieuse et nécessaire. Merci.