Mission 2018

Rapport de mission 2018 d’Annelore Bruchez

Ma Mission humanitaire au Benin 2018

En ce jeudi 1er novembre, la délégation valaisanne s’en va pour Tanguieta. 

Personnellement, j’ai hâte de découvrir l’Afrique, l’hôpital, les gens qui y vivent et également de vivre cette expérience avec mes collègues de voyage, tout m’est inconnu!!…même si je suis assurée de vivre une belle expérience avec des gens que je sais déjà très sympas.

Je rejoins une partie de mon équipe dans le train à Martigny direction Genève après quoi nous nous envolerons direction Paris, puis de Paris vers Cotonou.

Ce soir nous dormirons une nuit à Cotonou… Demain la route sera longue…très longue.

Après un gros dodo à Cotonou, nous voilà partis sur les routes Africaines, assis et chahutés toute une pleine journée dans un bus de qualité africaine..mais bref…

je me dis que  cela vaut vraiment le coup de tenter une telle expérience une fois dans sa vie…

Sur les bords de routes on découvre, en plein soleil, des marchandes d’ananas, de bananes, d’igname, des vendeurs de benzine également distribuant  leur produit dans des bouteilles en verre ou en plastique.

Les paysages défilent, on subit la chaleur, on aspire des odeurs nouvelles et on apprécie  les couleurs rouge brique de la terre mêlées au vert des arbres. C’est tout simplement magnifique.

Nous traversons de nombreux petits villages, nous découvrons enfin la vraie Afrique et la pauvreté est de plus en plus visible et ressentie.

Les moyens de locomotion sont très différents…Très souvent nous découvrons 3-4 personnes sur une seule et même moto, sans casque évidemment et parfois même accompagnés d’enfants! 

Certains mêmes roulent avec des cochons sur les porte-bagages avant et arrière, voir même avec des poules attachées par leurs pattes au guidon et tout ce petit monde toujours bien vivant!!

Notre chauffeur conduit très bien, mais parfois un peu trop vite et brusquement. La route est mal en point, il doit souvent s’arrêter et contourner d’importants nids de poules.

Nous dépassons de temps en temps de gros camions…ouïe ouïe ouïe….Heureusement que je ne suis pas sur le siège avant au côté du chauffeur, j’aurais déjà fini par tourner l’oeil plusieurs fois.

Pierre me montre ce que sont des termitières…. j’en avais jamais vu auparavant et je constate qu’elles  peuvent être très importantes voir même très hautes pour certaines.

Après une journée de voyage harassante, nous arrivons enfin à Tanguieta; je découvre ma petite chambre, elle est toute mignonne voir même équipée d’une petite salle de bain…

en fait, du grand LUXE non exigé!

Nous logeons tous dans le bâtiment des coopérants, et chacun possède sa propre chambre!

Chaque jour, nous partageons, entre nous et en compagnie d’autres coopérants, les 3 repas habituels des déjeûner, dîner et souper. 

Ces derniers sont composés essentiellement de pâtes, de riz, d’igname et de couscous accompagnés soit de poissons, de viande ou de fromage peuhl… et et et… de l’incontournable sauce tomate!!

Tout est simple  mais tout est bon et agréable.

J’ai hâte de découvrir le bloc opératoire…On y va et… Je découvre tout d’abord  la salle de réveil; trois personnes sont étendues sur des brancards à roulettes, certaines se réveillent

pendant que d’autres attendent patiemment leur tour pour se faire opérer. 

Presque toutes sont accompagnées d’un de leur proche; celles qui se réveillent ne sont pas attachées et ceci me fera peur jusqu’ à la fin du séjour!

Au passage devant une grande salle d’opération, je constate que deux interventions  simultanées sont en cours… Incroyable, je n’avais jamais vu çà!

Juste en face de cette dernière je découvre la salle d’opération qui nous est réservée. Sur la porte, on prend connaissance du petit planning  journalier, écrit manuscrit par Pierre.

Sylvain, Josy et moi avons mis en place la salle d’opération qui sera la nôtre durant ces deux semaines.

Nous installons le propre matériel que nous avons ramené de Suisse.  Nous utiliserons uniquement ce dernier afin d’éviter de puiser dans la réserve de l’hôpital.

Nous sommes ainsi prêts pour commencer à opérer pour ces 11 prochains jours.

Notre salle d’opération paraît récente, on respire encore l’odeur du plâtre ; il y a deux ans, on dit que des catelles tombaient au sol et qu’on devait les scotcher pour les faire tenir à leur place.

Je fais la connaissance d’Emilie qui nous accueillent à bras ouverts et avec un grand sourire. Emilie est la responsable du bloc opératoire, c’est elle qui gère aussi tout ce qui touche à la stérilisation.

Je la découvre comme une femme très disponible qui fait preuve d’un grand professionnalisme sans compter les rallonges quotidiennes de son temps de travail.

Elle s’active beaucoup, voire trop; malheureusement, elle est un peu seule responsable et doit par conséquent tout gérer. A mon avis, en vue d’économiser son énergie, elle devrait chercher et nommer “un bras droit” qui pourrait ainsi  la seconder dans ses multiples tâches.   

Emilie, s’inquiète tous les jours de nous préparer les containers de champs, de compresses, de tampons, de bistouris électriques, etc…. afin que nous puissions monter nos tables d’interventions.

Ici pas de matériel à usage unique ni de gaspillage inutile. Même certaines compresses sont restérilisées. Nous avons à disposition une seule boite d’instruments  pour la journée.

Tous les matins je prépare une table avec tous les instruments du plateau; je les mets par famille: les ciseaux avec les ciseaux, les pincettes avec les pincettes, les manches bistouri avec les manches à bistouri, les écarteurs avec les écarteurs et ainsi de suite pour tous les autres instruments.

Cette table aménagée restera propre toute la journée; elle me servira de support pour monter ma petite tablette de 30cm sur 30 cm, quelque peu bancale mais complète et propre à chaque intervention.

Quelle simplicité en comparaison avec notre chez nous!!!

Durant les interventions, si certains instruments me manquent ou que je dois les échanger… si les pincettes ne pincent pas ou… Si les portes aiguilles ne mordent pas assez… Je peux me servir sur ma table de réserve à l’aide d’une pince dont l’extrémité est trempée dans du Dakin.

En cours d’opération ou en salle de réveil, le fait que l’on attache peu ou pas les patients m’a impressionné. On essaie de faire au mieux, avec des rouleaux de tissus verts, les points d’appuis , les creux axillaires et les creux poplités. Si je devais repartir, il est certain que je mettrais dans ma valise une attache pour retenir les jambes de ces courageux patients.

La manière de monter les tables, de champer les patients avec des draps en tissus,  de travailler avec très peu d’instruments, enfin de devoir nous débrouiller avec peu fût pour moi une excellente expérience professionnelle.

J’ai découvert une autre manière de faire, j’ai dû m’adapter et surtout fermer les yeux sur certaines pratiques de stérilité. Mais je pense qu’on ne pouvait pas faire mieux.

Dans ce genre de situation on fait vraiment le mieux qu’on peut avec ce que l’on a. Et il en va très bien ainsi.

Chacun de nous a essayé d’agir au mieux, et de s’entraider afin de former une équipe la plus soudée et par conséquent la plus efficace possible.

Tous les jours, j’ai reçu la précieuse aide de Monique qui m’a aidée à monter les tables; j’ai beaucoup apprécié sa bonne humeur et sa motivation pour apprendre toujours plus sur le  tournant d’une salle d’opération. 

Tout prochainement  on devrait pouvoir la diplômer!

Josy a beaucoup d’expérience dans sa mission d’instrumentiste et par conséquent elle m’a énormément aidée;  tout au long de ce séjour, j’ai beaucoup apprécié son soutien, ses explications et ses précieux conseils.

Josy aime raconter ses nombreuses anecdotes relatives à notre profession d’instrumentistes. Quel plaisir de l’écouter. 

C’était un réel plaisir de travailler avec toute l’équipe, Chloé, Patrice et Sylvain.. Je garde un merveilleux souvenir du travail effectué et des nombreux et agréables moments passés en leur compagnie, dans la bonne humeur et la simplicité…y compris lors de nos apéros arrosés avec la fameuse bière Béninoise.

Cette aventure fût une belle et profitable expérience de vie; dans ce milieu de Tanguiéta,  j’ai été sensibilisée par beaucoup de pauvres gens; la communication verbale n’était pas toujours facile, surtout avec les enfants mais peu importe, un merci, une poignée de main, un regard ou un sourire, voulaient dire tant de choses…. et ceci m’allait droit au coeur.

Soeur Carmen et Frère Florent, ces deux piliers en font tellement!!! C’est inimaginable  ce qu’ils peuvent m’impressionner par leur don de soi. Ils m’ont vraiment beaucoup touchée!

je suis chanceuse d’avoir connu toutes ces fantastiques personnalités.

Quant à Vous Pierre et Monique, sans qui toute cette aventure n’existerait pas….Vous êtes géniaux, tant par votre générosité, votre humour, votre gentillesse que par votre bienveillance à l’égard de vos nombreux filleuls que de nous autres compagnons de voyage.  A tout égard, Vous êtes l’exemple-même. J’ ai eu beaucoup de plaisir à vous côtoyer activement durant ce séjour.

Au fond de moi cette expérience restera gravée dans mon coeur et mon esprit, elle me servira toute ma vie, dans mes prochaines expériences aussi bien professionnelles qu’humaines.

J’ai découvert l’Afrique, la vraie pauvreté, mais à travers tout ça, j’ai découvert  beaucoup d’espoir grâce à l’engagement de tous et ce magnifique site qu’ est cet hôpital de Tanguieta.

Annelore Bruchez

Rapport de mission 2018 de Sylvain Tosetti

Rapport anesthésique mission Tanguieta 2018


Après une édition 2017 bien remplie, j’ai eu le plaisir de « rempiler » pour 2018, sans infirmier anesthésiste par manque de personnel en raison d’arrêts maladie et accident simultanés. Josy m’a beaucoup aidé, avec son efficacité et son énergie légendaires et servait à la fois comme aide d’anesthésie, de salle de réveil et instrumentiste.

Comme d’habitude, l’organisation générale a été impeccable, grâce à l’important travail de fond mené en amont des missions par Pierre et Monique, ainsi que l’Association ATACORA. Tout était prêt pour notre arrivée, des chambres à la maison des coopérants jusqu’à la salle d’opération que nous avions inaugurée l’année passée. Les préparatifs ont pu être simplifiés grâce au travail de l’année précédente et des fichiers de matériel ainsi que de médicaments que nous avions créés et laissés dans l’intranet su service. Nous avons repris le matériel quasiment à l’identique et simplifié un peu les médicaments. Cela représentait tout de même 3 valises de 32Kg chacune… Au niveau du matériel qui nous avait fait défaut la mission précédente, j’ai pu trouver un capnographe (mesure du CO2 expiré) en seconde main sur internet, ainsi qu’un pousse-seringue électrique, qui nous ont été très utile pour procéder en sécurité au anesthésies générales et à diverses sédations.

L’entier de la mission s’est très bien déroulé, sans problèmes majeurs. Le matériel sur place était tel qu’attendu, c’est-à-dire plus fourni que la grande majorité des hôpitaux africains. Bien que nous savions à quoi nous attendre, nous avons encore une fois été surpris par la diversité et la complexité des interventions proposées par les chirurgiens locaux. Les échanges de médecins et d’infirmiers, parfois hors du Bénin, voire en Europe, ainsi que la collaboration avec les différentes missions portent leurs fruits, ainsi les expertises développées par ces contacts persistent et se ressentent sur l’amélioration des prises en charge de manière globale. L’étonnante stabilité politique et sociale, contrastant avec les désordres civils des pays voisins, assure la renommée de cet hôpital et permet un travail très important pour des populations qui accourent parfois de loin pour se faire soigner.


Nos trois chirurgiens ont pu opérer les cas prévus et réaliser ainsi de nombreux gestes de rétablissement fonctionnel. Nous n’avons dû récuser aucun patient, tous avaient bien été choisis et préparés en conséquence pour la chirurgie. Le hasard du calendrier nous a permis de partir proche d’un jour férié et d’arriver ainsi un jour en
avance. Nous avons pu ainsi tranquillement consacrer le premier jour à la mise en place du matériel et au contrôle de la salle et des machines. La fameuse d’anesthésie UAM était toujours à son poste, fonctionnelle et tellement bien adaptée à cet environnement ! Je me réjouissais de
retravailler avec !

Le rangement du matériel a été facilité par les nouvelles armoires murales, très pratiques. Il manquait quelques étagères mais nous avons pu y organiser tout le nécessaire, quant au surplus il a été stocké dans la salle attenante à la salle d’opération principale… en se faisant une petite place parmi le matériel des missions antérieures, notamment orthopédiques, qui parfoiss’étalaient sans offrir de la place aux suivants. Pas grave, les mots d’ordre de ce genre de mission
sont improvisation et adaptation !

Comme d’habitude, les patients pédiatriques arrivaient en général perfusés, nous avons juste procédé à deux inductions gazeuses pour les deux plus petits patients dont un avait une perfusion non fonctionnelle et l’autre pas du tout, car les infirmiers du service de pédiatrie n’avaient pas réussi à le perfuser (ce qui est rare, tant ils sont habiles) en raison d’un état de déshydratation avancé. Ainsi, nous avons ramené, encore cette fois, la bouteille de Sévoflurane, afin de diminuer
les coûts de la mission. Nous ne la reprendrons plus. En effet, l’induction avec le gaz Isoflurane, présent sur place est tout-à-fait confortable, peut-être un peu plus lente que d’habitude, sans conséquence.

La salle de réveil improvisée se situait donc juste en face de la salle d’opération, permettant de surveiller les patients avant leur retour en chambre. A ce sujet, nous avons profité de faire un peu d’enseignement pour la surveillance postopératoire directe, car l’habitude est de renvoyer les patientes directement en chambre après une opération par manque de personnel et la sécurité comme le confort des malades opérés est amélioré par ce temps important postopératoire direct.

Pour le postopératoire, nous avons remis sur pied une tournée d’antalgie du soir et parfois du matin. De manière générale, les patients sont très courageux et montrent peu de signes de souffrance.

Concrètement, nous avons menés 34 anesthésies, pour 32 patients. Le plus jeune patient anesthésié avait 5 mois pour 4,5 kg et faisait partie d’une mission de
neurochirurgie française, avec laquelle j’ai collaboré sur ce cas en particulier, à la demande de leur interne d’anesthésiste.La proportion d’enfants opérés est restée similaire à 2017 et les prévisions de matériel et de médicaments emportés ont permis d’en laisser à nouveau sur place. A la différence de 2017, nous avons pu trouver un arrangement avec les équipes locales afin de laisser nos stocks
inutilisés dans un local sous clef et faciliter l’organisation des voyages suivants. Une liste détaillée du matériel et des médicaments laissés sur place est à disposition des prochaines équipes dans l’intranet du service d’anesthésie de Sion.

Un grand merci à toute l’équipe pour la collaboration exemplaire et la bonne entente.


Sylvain