Du jeudi 23 juin au samedi 9 juillet 2016.
Hôpital St Jean de Dieu Tanguiéta, Bénin.
Pour cette 6e mission, nous sommes partis en petit comité :
- Teresa Rotunno (médecin en formation en chirurgie plastique)
- Monique et Pierre Schertenleib.
Comme d’habitude les 46 kilos de bagages par personne sont occupés surtout par du matériel que nous acheminons pour l’hôpital et notre travail pendant le séjour.
Cette fois nous sommes passés par Ouagadougou pour diminuer le trajet par route. Après une bonne nuit chez les Soeurs Théatines et un bel orage très attendu par les locaux nous avons fait le trajet en 8 heures sur une route bien dégradée depuis 2010 pour arriver à Tanguiéta dans l’après-midi. Deux heures après l’arrivée nous nous sommes mis au travail avec la consultation d’une quinzaine de patients. Le lendemain, samedi, nous avons déballé le matériel amené pour le bloc opératoire et l’avons confié à Emilie, la cheffe du bloc. Nous avons ensuite consulté encore 25 patients ce qui fait que le programme opératoire était déjà bien rempli pour la durée de la mission. De son côté Monique a confié à l’atelier d’orthopédie du matériel de contention, amené des livres utiles en physiothérapie où les thérapeutes sont très contents de la table de verticalisation envoyée depuis Sierre.
Le lundi nous avons pu tout de suite commencer le travail au bloc opératoire. Nous avons collaboré avec le personnel local pour l’anesthésie et l’instrumentation, Monique oeuvrant comme aide de salle. Pour l’anesthésie Théophile et Boris se sont chargés avec une grande efficacité et un grand dévouement de nos patients petits et grands. Nous avons apprécié leurs grandes compétences professionnelles, leur calme et leur contact agréable. Pour l’instrumentation nous avons pu compter sur Abel, Firmin, André et les aides, Emilie restant toujours disponible. Nous avons au cours de cette mission, en deux semaines d’intervention, opéré 32 patients dont 15 enfants. Comme toujours les pathologies présentes sont diverses mais avec une prédominance des séquelles de brûlures (12 patients). Nous avons donc pratiqué une multitude de greffes, de lambeaux locaux ou à distance, ce qui a permis à Teresa des se familiariser et de pratiquer des lambeaux inguinaux, abdominaux et de grand dorsal.
La deuxième semaine, Monique a principalement travaillé à l’école de l’Hôpital avec Sœur Carmen. C’est une belle expérience, intense, car les enfants sont très enthousiastes, ravis de quitter le service d’hospitalisation pour se rendre à l’école. La tâche est compliquée car il y a des enfants de tous les âges et de tous les niveaux, certains ne parlant pas français.
Interventions (résumé)
- 32 patients opérés dont 15 enfants
- Séquelles de brûlures et brûlures : 12 patients dont 8 enfants.
- Fentes labiales et autres problèmes congénitaux : 5
- Séquelles d’infections(membre supérieur, inférieur, thorax) : 6
- Tumeurs bénignes et malignes : 6
- Divers : 3.
Comme l’année passée, c’est le Dr Romaric Tobomé qui nous a assisté tout au long de la mission avec l’aide pour les patients pédiatriques et à la consultation du Dr Roméo Haoudou. Leur aide est précieuse à tous les niveaux de la prise en charge des patients : traduction, organisation des hospitalisations et des consultations, visites dans les services. Bien sûr nous essayons de transmettre à ces jeunes confrères les éléments pratiques et techniques de chirurgie réparatrice et de la main qu’ils pourront appliquer dans leur activité. Nous avons pu constater, au fil des missions, qu’ils maîtrisent déjà certaines techniques de ces spécialités et c’est un plaisir de les associer à notre travail en salle d’opération et en consultation. Ce sont eux également qui assurent le suivi des patients opérés après notre départ, pratiquent certaines interventions secondaires (compléments de greffes, libération de lambeaux pédiculés etc) et nous transmettent ensuite les renseignements par internet.
Nous avons visité le tout nouveau laboratoire de pathologie de l’Hôpital. L’installation permet la préparation des prélèvements de tissus, la réalisation de coupes histologiques qui sont lues au microscope. L’image produite est numérisée et peut être envoyée au pathologue en Europe par internet. Un réseau de volontaires actif pour l’instant seulement en Italie effectue la lecture de ces images et transmet le rapport. Le diagnostic peut ainsi être obtenu dans la semaine. C’est un immense progrès. Auparavant il fallait acheminer les prélèvements dans du formol jusqu’en Europe (ce qui est maintenant formellement interdit) pour effectuer l’examen. Cela pouvait prendre des mois jusqu’à l’obtention d’un diagnostic ! Grâce à cet outil l’Hôpital de Tanguiéta espère pouvoir réaliser dans le futur des examens pour d’autres hôpitaux et générer ainsi des revenus. Il faut encore étoffer le réseau des pathologistes volontaires pour y parvenir.
Rendez-vous a été pris pour une nouvelle mission en janvier 2017 et nous avons déjà proposé des rendez-vous à plusieurs patients pour des interventions !
Au cours du séjour nous avons pu voir que la réalisation d’une troisième salle d’opération est en phase de construction. Nous avons assisté au coulage de la dalle de toit en béton armé. Les techniques utilisées sont pour nous spectaculaires et intrigantes. Les échafaudages et le soutien du coffrage sont réalisés par des dizaines de piquets de bois de petit diamètre savamment disposés. Le béton a été coulé et acheminé à la force des bras, les ouvriers faisant une chaîne pour transporter les seaux de la bétonneuse au toit, le tout par des températures de 30-35° C et 90% d’humidité !
En effet la période de notre voyage correspondait avec le début de la saison des pluies. Il fait donc chaud, l’atmosphère est très humide avec une ou deux averses quotidiennes. C’est par conséquent une période où les moustiques prolifèrent et les cas de paludisme très nombreux. La prophylaxie médicamenteuse, malgré ses effets secondaires gênants, est tout à fait indispensable pour nous tout en appliquant le plus scrupuleusement possible la prévention des piqûres de moustiques (habits et moustiquaires imprégnés, Antibrum ++, manches longues à la tombée du jour …).
Autre présence désagréable, celle des chauve-souris qui semblent plus nombreuses que jamais. Nous avons vu des nuées de ces animaux voler même en plein jour ! Elles sont de la taille de nos mouettes et se posent dans les arbres tout autour de l’hôpital et en ville. Jusqu’à il y a peu, elles étaient chassées pour être mangées mais cette chasse a beaucoup diminué depuis la dernière épidémie d’Ebola semble-t-il.
Rencontres
Chaque année nous retrouvons avec plaisir les mêmes collaborateurs hospitaliers, les Sœurs Théatines et les Frères de St Jean de Dieu. Frère Victor était encore tout enthousiaste de son séjour à Sion (il a passé 3 semaines aux alentours de Pâques au service technique de l’hôpital de Sion avec Pierre-André Debons) et très remerciant pour tout ceux qui l’ont aidé et accompagné. Frère Florent est toujours aussi occupé mais donne toujours de son temps pour nous rencontrer, discuter et nous entretenir des projets et problèmes de l’Hôpital de Tanguiéta. Nous pouvons ainsi ensemble savoir quelle aide sera la plus utile et élaborer des plans de collaboration pour le futur.
Chaque année également nous faisons de nouvelles rencontres parmi les coopérants qui se rendent à Tanguiéta. Lors de cette mission nous avons fait la connaissance d’Elena, pharmacienne de la région de Bergamo, qui a entrepris de répertorier et d’établir un fichier informatique de tous les médicaments et articles de la pharmacie. C’est un travail titanesque mais indispensable (une pensée et un salut pour Romilda qui avait commencé ce travail il y a quelques années). Il lui faudra aussi informer le corps médical sur l’usage de certains médicaments, tel médicament pouvant remplacer un autre etc. Elena va rester plus d’un an pour mener à bien ce projet. C’est une jeune femme courageuse et pleine d’entrain. Monique a, pendant le séjour, collaboré avec elle pour la traduction italien-français d’un important document sur l’ozonothérapie.
Etaient également sur place Charlotte et Mathilde, deux étudiantes en médecine belges proches du diplôme. Leur stage aura duré finalement 6 mois. Se destinant à la médecine d’urgence et à la médecine générale elles ont beaucoup profité de leur stage. Charlotte effectue d’autre part un travail de diplôme sur le suicide des paysans(le plus souvent par ingestion de pesticides) qui deviennent de plus en plus fréquents (voir rapport 2015).
Peu de temps après nous sont arrivés 3 autres étudiants en médecine, 2 de Bruxelles – Boris (belge) , Mikael (finlandais)- et Zein qui vient d’Angers. Ils sont venus pour des stages de 4-6 semaines. Après une semaine déjà ils étaient épatés de tout ce qu’ils ont vu, appris et pratiqué dans les services, au bloc opératoire, en salle d’accouchement.
Cétait une équipe sympathique et c’est un plaisir de voir l’engagement de ces futurs médecins. Outre la formation qu’ils peuvent acquérir. La confrontation à une autre réalité est très enrichissante même si cette expérience reste unique.
Réalisations et projets d’Atacora-Valais
Lors des rencontres avec les Frères et avec les Sœurs de l’Hôpital nous les avons informés de la création de notre association Atacora-Valais. Ils sont très remerciant de ce soutien et ont été contents du choix du nom. Ils ont pris connaissance avec beaucoup d’intérêt les actions qui ont été entreprises.
Sœur Carmen a regardé avec beaucoup d’émotion les photos et vidéos des enfants de l’école protestante de Sion préparant la course en faveur de l’association (qui a rapporté 5’000.- CHF !).
Frère Florent a souligné l’intérêt d’une telle action, non seulement pour le bénéfice pécuniaire recueilli, mais surtout pour sensibiliser les enfants à la notion de solidarité et d’aide aux enfants défavorisés.
A la demande de l’Hôpital de Tanguiéta nous avons fourni gracieusement des médicaments anti-cancéreux spécifiques pour un montant de 1200.- CHF.
Nous avons pu remettre à Sœur Carmen 1000.- €uros pour le parrainage annuel de 5 enfants en âge scolaire. Ces parrainages ont été décidés à l’Assemblée générale d’Atacora-Valais et sont destinés à durer dans le temps (au minimum 10 ans). Nous lui avons également remis 200.- €uros destinés au fond de soutien pour les patients pédiatriques nécessitant une hospitalisation de longue durée et leurs proches.
Toujours au nom de l’Association nous avons remis 600.-€uros aux Sœurs de Materi qui secourent et instruisent des jeunes filles fuyant le mariage forcé, ainsi qu’une malette de peintre complète offerte par un parent d’élève de l’école protestante.
Au cours du séjour il nous a été rapporté le cas d’un enfant d’une douzaine d’années souffrant d’une leucémie myéloïde chronique. Une fois le diagnostic exact posé, Novartis fournira gracieusement le médicament nécessaire au traitement. Il faut pour cela un test génétique qui est effectué à Paris (le prélèvement sanguin est effectué à 5 heures du matin à Tanguiéta puis acheminé le jour même par le bus de ligne à Cotonou pour prendre l’avion du soir jusqu’à Paris). Les coûts liés à cet examen se montent à 200.-€uros, somme dont la famille de cet enfant ne disposait pas. Sans financement l’Hôpital de Tanguiéta aurait tout de même fait réaliser cet examen à sa charge. Mis au courant de cette situation nous avons décidé de financer cet examen par Atacora-Valais.
Matériel acheminé lors de cette mission et dons – résumé :
- médicaments spécifiques 1000.- CHF, + médicaments divers en don
- ordinateur portable (service technique)
- gants-masques-bonnets de salle d’opération
- instruments chirurgicaux divers, matériel de pansements
- matériel d’ostéosynthèse, fixateurs externes
- livres médicaux
- parrainages + soutien pour hospitalisation de longue durée : 1’200.-€
- Materi 600.-€
- Test génétique enfant leucémique : 200.-€
En ce qui concerne les demandes –projets pour notre Association il y a bien sûr la participation au financement de la nouvelle salle d’opération, la fourniture de sets chirurgicaux pour épisiotomies pour Tanguiéta et les dispensaires sous leur juridiction (30 pièces), la fourniture de matériel scolaire et la poursuite de ce qui a déjà été entrepris (parrainages etc).
La présente mission s’est donc déroulée dans de bonnes conditions (épicée par une rupture de câble d’accélérateur au milieu de nulle part sur le chemin du retour) avec, comme toujours, un très bon état d’esprit au sein des différents services de l’hôpital. Le travail a été soutenu du premier au dernier jour et nous remercions les différents intervenants qui nous ont aidé à l’accomplir dans les meilleures conditions possibles. Une prochaine mission est prévue en janvier-février 2017. Nous espérons y associer des jeunes collègues pour assurer la pérennité de cette collaboration au plan médical et scolaire. Il y a tant à faire ! Atacora-Valais doit donc être très actif dans notre canton pour engager de nouveaux membres, collecter des fonds que ce soit en encourageant les dons ou en organisant des évènements. Les gens de l’Atacora et environs ont besoin de nous et méritent notre soutien.